"Revenir sur le télétravail, jamais !"

Audrey, jeune cadre parisienne qui travaille dans le secteur de la communication et qui bénéficie de trois jours de télétravail par semaine, ne se voit pas revenir en arrière. Pour elle, c'est essentiel à son équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle.

Résultat : quand la possibilité leur est offerte par leur entreprise de télétravailler, rares sont ceux qui n'utilisent pas cette souplesse.

Dans la dernière étude de l'Observatoire du télétravail réalisée entre mars et mai 2025 auprès de 5 000 répondants, intitulé "télétravail : stop ou encore", 77% d'entre eux déclarent "qu'une des principales motivations pour télétravailler est de trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle".

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Pour beaucoup, le télétravail représente un gain de temps sur les trajets. "Cela me permet de dormir un peu plus", se réjouit Hélène, qui travaille dans le secteur de la formation à Vannes (Morbihan). "Cela me permet de récupérer ma fille à l'école plus tôt", précise Guillaume, cadre à La Poste à Nantes. "C'est moins de fatigue, de stress", complète Nadège, qui travaille dans la fonction publique.

En résumé : 75% des répondants font état d'un niveau de fatigue moins élevé par rapport à un travail sur site. moins de fatigue donc, mais aussi plus de sport. Beaucoup affirment profiter de leur pause déjeuner pour pratiquer une activité sportive.

Télétravail serait donc bon pour la santé.

Rares sont les salariés prêts à renoncer à cette souplesse.

A contrario de la volonté des dirigeants de sociétés (Ubisoft, la Société Générale, Amazon, par exemple) de supprimer le télétravail, les salariés expriment leur souhait d'obtenir davantage de jours de télétravail.

73% des répondants affirment en effet "très bien vivre leur situation de télétravail" et 22% la vivre "plutôt bien".

Et ce sont les jeunes qui plébiscitent le plus cette formule de travail : 22% ont moins de 30 ans. Et ils sont 54% à dire être "prêts à démissionner en cas de suppression du télétravail".

Dans ce contexte, pas facile pour les entreprises de faire marche arrière. Certaines entreprises ont vu leurs salariés se mettre en grève. Mais ce cas est atypique.

En attendant la marche arrière semble aussi compliquée pour des questions de locaux. Lorsque le sujet est venu sur la table à La Société Générale, "plutôt que de se mettre en grève, les salariés ont choisi de tous venir au bureau le même jour". Or, beaucoup d'entrerpises ont profité du télétravail pour réorganiser leurs locaux, en développant le flex office (pas de bureau attitré pour les salariés, qui doivent réserver leur place quand ils décident de venir sur site). et beaucoup de salariés estiment que leur entreprise est largement gagnante.

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Dans l'étude de l'observatoire, "46% des répondants déclarent d'ailleurs que leur temps de travail est plus élevé". "J'avance plus vite car je ne suis pas dérangée par les sollicitations et les conversations de mes collègues", constate Audrey.

76% des personnes interrogées par l'Observatoire du télétravail déclarent même avoir télétravaillé tout en étant malade. Pourtant, certains dirigeants assurent ne pas proposer de télétravail à leurs employés. C'est le cas de Pierre de la Grand'Rive, cofondateur en 2023 de la startup parisienne Delos, spécialisée dans l'intelligence artificielle. "Il était important pour nous que les gens se connaissent. Et j'en suis convaincu, on ne peut pas avoir la même créativité à distance". Ce dirigeant reconnaît que la plupart de ses salariés ont moins de 30 ans et ont moins de contraintes familliales.

Alors, est-ce qu'en cas de changement de poste, les salariés seraient prêts à renoncer au télétravail ?

Pour Anita, qui travaille dans l'informatique et à récemment changé de poste, "ce n'était pas un critère de haute priorité". "J'accordais davantage d'importance à l'intérêt du poste et au critère géographique, pour ne pas être loin de mon domicile".

A contrario, certains salariés seraient-ils prêts à accepter un salaire moins élevé en contrapartie de plus de télétravail . "C'est un critère important mais pas esentiel au point de risquer de perdre en salaire", témoigne Frédérique, cadre dans la banque.

L'enquête réalisée par l'Observatoire du télétravail montre qu'il n'y a pas véritablement de contre-révolution. Le télétravail semble ancré durablement dans les habitudes.