Les objectifs de la grande cause nationale
Alors que 13 millions de personnes présentent un trouble psychique chaque année en France et que 53 % des Français indiquent avoir connu un épisode de souffrance psychique au cours des 12 derniers mois, le Gouvernement identifie plusieurs objectifs :
- la déstigmatisation, car la santé mentale est trop souvent un sujet tabou, y compris pour les personnes en souffrance,
- le développement de la prévention et du repérage précoce, par la sensibilisation et la formation dans toutes les sphères de la société,
- l'amélioration de l'accès aux soins partout sur le territoire français, par la gradation des parcours et le développement de nouveaux métiers de la santé mentale,
- l'accompagnement des personnes concernées dans toutes les dimensions de leur vie quotidienne.
L’enjeu de la santé mentale au travail
La santé mentale au travail est influencée par de nombreux facteurs, et l’organisation du travail joue un rôle central dans la prévention des risques psycho-sociaux : en 2023, les maladies psychiques reconnues d’origine professionnelle sont en forte hausse (+ 25 %) et 12 000 accidents du travail étaient liés à ces risques (régime général).
L’organisation du travail, la régulation de la charge de travail, l’autonomie, la clarté des missions, la reconnaissance au travail ainsi que la qualité du management et des relations professionnelles sont autant de leviers pouvant prévenir l’apparition de troubles psychiques. Tous les secteurs d’activité et toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, sont concernées.
Investir dans la prévention primaire, en agissant sur ces déterminants organisationnels, est essentiel pour garantir le bien-être des travailleurs. Celui-ci est reconnu par l’Organisation mondiale de la santé comme un facteur clé de prévention en matière de santé au travail, contribuant à la performance et à la pérennité des entreprises.
Les outils / réponses
Dans le cadre de son obligation de protéger la santé physique et mentale de ses salariés, précisée par l’article L4121-1 du Code du travail, l’employeur est tenu :
- de mettre en œuvre des actions de prévention des risques psychosociaux, comme pour tout autre risque professionnel ;
- d’informer et de former ses salariés ;
- de mettre en place une organisation et des moyens adaptés.
Cela implique une organisation du travail adaptée et des stratégies particulières pour prévenir différents risques majeurs :
- le stress au travail ;
- les violences, physiques et psychologiques (harcèlement moral, violences sexistes et sexuelles, discriminations…) ;
- le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel…
Comme tous les risques professionnels, les risques psycho-sociaux inhérents à l’activité de l’entreprise doivent être mentionnés dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), préalable essentiel à toute démarche de prévention.
Les acteurs de la santé mentale au travail
Si la santé des salariés est une obligation incombant à l’employeur, plusieurs autres acteurs ont un rôle à jouer dans l’entreprise :
- le comité social et économique (CSE), obligatoire dans toutes les entreprises d’au moins 11 salariés, possède des attributions en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail. Composé de représentants des salariés et de l’employeur, il assure la promotion de conditions de travail propices à la santé mentale. Dans les entreprises et établissements distincts d’au moins 300 salariés, ces attributions sont confiées à une commission de santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) dédiée, au sein du CSE ;
- les services de prévention et de santé au travail (SPST) assurent la médecine du travail. Ils sont chargés d’accompagner les employeurs, les travailleurs et leurs représentants en matière de prévention des risques professionnels. Ils reçoivent les salariés en souffrance psychique, les orientent et accompagnent l’employeur dans l’aménagement de leurs conditions de travail. L’employeur a obligation d’adhérer à un SPST ou d’organiser son propre SPST, dans le respect d’un cahier des charges national.
Plus généralement, chacun peut agir pour la santé mentale de ses collègues en se montrant à l’écoute, en s’abstenant de jugement et en sachant alerter en cas d’urgence.
Quels signes peuvent alerter ?
Quand on commence à aller mal, on refuse parfois de le voir. Il faut donc réagir dès les premiers signes, oser en parler à des personnes de confiance de son entourage et, si besoin, demander de l’aide à des professionnels.
Un changement du fonctionnement habituel peut être révélateur d’une souffrance, et ce dans plusieurs domaines :
- les émotions : apparition de peurs, d’inquiétudes, de tristesse, flash-backs d’un événement traumatisant…
- les pensées : vision négative, baisse de l’estime de soi, pensées suicidaires…
- le comportement : changement dans l’alimentation, troubles du sommeil, fatigue ou agitation, modifications dans les relations, conduites à risque, difficultés à l’école et plaintes somatiques chez l’enfant
Vers quels professionnels et structures se tourner ?
Tout d’abord, le médecin traitant peut faire une première évaluation et orienter vers des spécialistes.
Ensuite, il est possible d’aller voir un psychologue - pour les troubles légers à modérés, le dispositif Mon soutien psy permet le remboursement de 12 séances avec un psychologue conventionné - ou un médecin spécialiste, comme un psychiatre ou un pédopsychiatre.
Il existe aussi des structures spécialisées selon l’âge : des centres médico-psychologiques (CMP) pour adultes, ou pour enfants ou adolescents ; pour les 11-21 ans, les Maisons des Adolescents (MDA) ; des consultations spécialisées hospitalières. En outre, il est possible de prendre contact avec un centre régional du psychotraumatisme (CRP).
Enfin, des associations et des numéros d’appel gratuits (SOS Amitié, SOS Crise, Fil santé jeunes) accompagnent les personnes en souffrance.
En cas d’idées suicidaires, le 3114 est un numéro d’appel gratuit disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Vers quel dispositif s'orienter ?
Comment aider un proche en souffrance ?
On peut avoir du mal à imaginer qu’un proche souffre, surtout lorsqu’il le masque pour ne pas inquiéter les autres : une personne qui ne va pas bien ne dit pas forcément qu’elle a vécu un trauma par exemple.
Il faut donc être vigilant et tendre la main dès que l’on remarque des signes inhabituels. Demandez à la personne si elle veut en parler, écoutez-la, ne minimisez pas ce qu’elle dit et proposez-lui de chercher ensemble des solutions. Il vaut mieux se tromper que de passer à côté.
La formation Premiers secours en santé mentale permet à tout citoyen, et donc à l’entourage d’une personne en souffrance d’apprendre à lui venir en aide.
Comment réagir en cas de risque (ou d’idées) suicidaire(s) ?
Les personnes suicidaires donnent parfois des indices au détour d’une phrase. Au moindre doute concernant un proche, il faut oser lui demander s’il pense à la mort. Poser la question n’augmente jamais les risques de suicide, au contraire.
N’hésitez pas à appeler le 15 (si vous pensez que le passage à l’acte est possible), ou à appeler le 3114 pour être guidé.
Si vous avez des pensées suicidaires, verbalisez-les à un proche ou appelez le 3114, numéro national de prévention du suicide ouvert 24 heures sur 24. Des professionnels de santé mentale répondent à ce numéro, écoutent et guident les personnes suicidaires et leurs prochécra